Le petit garçon qui rêve
Il y a déjà deux ans, j'ai rêvé d'un petit garçon qui rêve, seul dans une ville déserte et silencieuse.
À l'intérieur de moi, ce rêve s'est transformé en projet de spectacle. J'ai d'abord donné un prénom au petit garçon : il s'appellerait Piheup (dans sa langue, ça veut dire « la paix »). Ensuite, j'ai précisé mon histoire, j'en ai affiné les personnages, les couleurs, la lumière, les sons. J'en ai parlé à plein de gens, mais le spectacle était toujours à l'intérieur de moi.
Peu à peu, une équipe s'est constituée, faite de ceux qui pourraient être touchés par l'histoire de Piheup, et qui sauraient donc l'enrichir de leurs compétences, mais surtout de leurs sensibilités. Nous avons discuté, réfléchi, écrit, tracé des plans, tenté, testé, maquetté, lu, ébauché. Le spectacle n'était plus à l'intérieur de moi : il était là, sur la table, à s'inventer à plusieurs.
J'attendais le mois de mars avec impatience : c'était la première fois que nous nous accordions un véritable temps de travail à plusieurs pour commencer à fabriquer notre spectacle.
Peu à peu, durant ces deux semaines de travail, j'ai eu cette sensation très précise, très nette, que le projet était passé devant nous et que nous n'avions plus qu'à le suivre.
Dans l'atelier, Jean-Christophe a poncé, scié, soudé, vissé, peint le décor dont nous avions fait la maquette deux mois plus tôt.
Dans le grand et (très) frais salon de la maison de Monségur, ou parfois au soleil dans le jardin, Tian a dessiné l'univers noir et blanc de la ville vide, et les couleurs de l'imaginaire de Piheup.
Yoann, Jean-Christophe et moi, nous avions imaginé avec lui ces scènes qui se passeront sur un écran : le rythme, les mouvements, les couleurs …
Yoann et moi, nous étions comme des papillons : de l'atelier au salon, du magasin de bricolage à la cuisine, un pied dans la lumière, un autre dans le dessin, une main à la ponceuse, l'autre au pinceau.
François a laissé trainé son oreille dans nos discussions, et a livré de nouvelles versions du texte, écrit à 4 mains avec Kompheak.
Quant au petit garçon de mon rêve, Piheup, il était devenu réel. Et c'était lui qui désormais nous montrait le chemin.